[Alib-sama] Quel pays froid

Alib s'avança sur le long chemin sinueux de la montagne, transpirant à grosses gouttes malgré l'air froid qui flottait un peu partout. Il espérait très sincèrement que l'homme qu'il avait croisé au village en bas ne s'était pas moqué de lui et ne l'avait pas envoyé dans une impasse. Car plus il montait, plus le chemin devenait innaccessible et difficile à prendre. Les cailloux avaient succédé aux pavés et à présent, il ne s'agissait plus que de terre battue recouverte de grosses rocailles.

Sortant un mouchoir en tissu ouvragé de différentes broderies, il s'essuya le front en enlevant quelque peu son turban. Il commençait à apercevoir des formes de là où il se trouvait mais il craignait un peu de ce qu'il trouverait. Prenant dans ses ultimes forces, il se redressa et marcha à nouveau, atteignant tant bien que mal deux immenses portes en bien mauvais état.

- Qu'est-ce que c'est ? Le village est derrière ?

Il posa ses affaires dans un coin, un peu à l'abri des quelques gouttes de pluie qui subsistaient et s'approcha pour tenter d'apercevoir une quelconque ouverture ou alors éventuellement une cloche ou un garde, mais rien... Retournant à ses affaires, il décrocha une grosse branche d'arbre et s'approcha à nouveau de l'entrée. Frapper avec ses mains ne suffiraient peut-être pas vu le temps qu'il faisait, il jeta plusieurs fois la branche contre l'entrée avant de se laisser tomber au sol, assis, complément épuisé.

Il ne lui restait plus qu'à attendre et espéré qu'il ne s'était pas trompé en montant jusqu'ici.

Des nouilles ! Enfin ! Depuis des mois déjà elle rêvait de ses nouilles adorées cachées dans un coin très secret de sa petite maisonnette de garde à l'entrée. Elle devait en avoir une bonne centaine en stock, sous le plancher. Lorsqu'elle allait en ville, elle ne pouvait s'empêcher d'en prendre suffisamment pour trente ans minimum, au moins ne coûtaient-elles pas chères.

Takara prit religieusement une coupole de nouilles et en ouvrit délicatement le dessus, presque avec tendresse. Reposant tout aussi doucement la coupole sur une caisse qu'elle avait posé pour faire office de table, elle sortit prendre l'eau qui devait être chaude à présent.

- C'est quoi ce bruit ?

Le majordome écouta attentivement et reconnut le bruit distinctif d'une planche ou de quelque chose qui tapait contre ses portes adorées. Elle eut durant un très long laps de temps l'idée de laisser le pauvre malheureux ou la pauvre malheureuse qui se trouvait de l'autre côté pour continuer ce qu'elle avait commencer sereinement. Son plat semblait l'appeler et il faisait beau à nouveau, l'arrivant pouvait bien patienter une heure ou deux dehors après tout.

" Sauf qu'après il ou elle risque de venir se plaindre durant des heures... "

Elle soupira, prit une cigarette et s'avança vers l'entrée en marmonnant entre deux bouffés. Sortant la clé, elle ouvrit le cadenas et donna un violent coup de pied dans les portes qui s'ouvrirent brutalement dans un bruit sourd de vieux poids martyrisé.

- Qu'est-ce que vous voulez, bon sang ? Vous pouvez pas rester sagement de l'autre côté et attendre qu'il y a au moins vingt personnes de l'autre côté avant de pleurnicher à l'aide !

Elle reprit son souffle d'une traite, laissa tomber sa cigarette au sol et l'écrasa. Sous la colère, elle avait réussi à la fumer en moins de temps qu'elle n'avait pris pour l'allumer.